ETUDE D’UN CAS CLINIQUE
4 - Symbolique : La tour foudroyée
11.11
L’uræus ou le Cobra royal du dieu Horus
Cet archétype (lame XVI) symbolise le trait de fracture qui se produit lors de l’effraction du symbolique. Dans l’Egypte ancienne, le Dieu Horus, coiffé de l’uræus, symbolise au mieux ce trait qui, selon la pensée judéo-chrétienne, conduit tout droit en enfer. Chez les Celtes, et on en retrouve de nombreuses traces en Bretagne, les portes de l’enfer s’ouvrent aux âmes damnées en quête de rédemption. Mais, dans la pure tradition celtique, seuls les élus subissent les épreuves de la traversée de l’enfer. Leurs âmes sont alors divinisées, c'est-à-dire alignées et harmonisées avec le Soi.Si l’individuation conduit à cette transformation, d’autres chemins se proposent également de la réaliser : un enseignement connu depuis l’Egypte ancienne sous le vocable de « Ecole de Thot[1] », et au Moyen-âge, le tarot initiatique au travers de la symbolique. Ces deux écoles procèdent d’une même logique qui conduit invariablement aux épreuves du Jugement dernier.
La déesse Maât, fille de Thot est coiffée d’une seule plume, ce qui la distingue de la déesse Isis qui en porte trois. Cette plume viendra, lors du Jugement dernier, mettre en balance l’âme du défunt. « Avoir l’âme légère », c’est bien n’avoir rien à se reprocher et donc ne pas craindre la comparution devant Thot. La plume de Maât se prononce en hiéroglyphe, I ou J. Or Maât (déesse de l’Egypte ancienne, 22ème lame du tarot initiatique) porte procuration afin de représenter le Dieu Thot dans la scène du Jugement dernier. Elle symbolise l’acte de Thot, elle est le souffle qui tranche, le sarcophage qui, en langue égyptienne, signifie mort ou renaissance, ce qui rejoint l’idée de Dante et les propos de F. Malaval et ceux de B. Salignon[2] : « Le I déchirure d’un cri, d’un prime souffle qui fait correspondre le Dieu à la puissance du langage et de l’être. Dante se rend compte que si le I est la parole naissante, celle-ci est le nom de Dieu, « le bien suprême » et tout autant parole et Dieu, unis dans le I qui lui-même est le signe de la séparation puisque le I anime le corps silencieux de la bouche close à cette ouverture : le déchirement du logos dans l’en-voix. La parole poétique ouvre à ce qu’elle nomme, elle est aphoristique, ce I surgit phonétiquement parlant comme un cri bref, lapidaire, déchirant et donnant corps à la lettre, instant en éclair traversant le corps, il ouvre le visage et l’anime. Calligraphiquement il est le trait hiéroglyphique qui sépare et unit le haut et le bas, le Dieu et l’homme, tout autant qu’il brise l’homme dans l’effraction de son corps et libère par le langage cette souffrance originaire et nécessaire.»
[1] Thôt est le père de la déesse Maât et, à ce titre c’est elle qui va accompagner tout au long de son chemin initiatique le postulant. Mais Maât est symbolisé par une plume. C’est cette plume donc Maât qui sera mise en balance avec l’âme du défunt et le plus souvent celle de l’initié qui postule au Jugement dernier pour la rédemption de son âme.
[2] Salignon B., La puissance en art, rythme et peinture, Carpentras, 1998.
Date de dernière mise à jour : 08/05/2013
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