ETUDE D’UN CAS CLINIQUE
3 - Symbolique : Le Diable
La modalité binaire
Le troisième septénaire débute avec la lame du diable (lame XV). Cette dernière représente le déterminatif de cette nouvelle écriture : affronter puis vaincre le diable autrement dit le mode binaire dont il est le garant. Il annonce, comme nous l’avons déjà vu avec la pulsion Samech 60, l’extraction au mode binaire. Faire la rencontre avec le Diable, c’est s‘enfoncer dans l’ombre des névroses, c’est comme se jeter dans le vide. Cette épreuve correspond à un nouvel arrachement. Ce dernier est significatif de l’abandon complet de l’ancien monde, au profit d’un nouveau qui nous est totalement inconnu. Cure analytique et chemin initiatique nous conduisent à ce point de non retour. La métanoïa est à son terme, l’arrachement aux liens est terminé, il est temps de mourir pour renaître. C’est un point de butée, un trait qui nous barre la route au terme d’un travail sur nous-mêmes. En sommes-nous au stade du dépassement tel que le pense Hegel (Esthétique et Phénoménologie de l’Esprit)[1] ? Pour ce dernier, le dépassement est lié à l’association de la thèse et de l’antithèse qui fait naître la synthèse, fille des deux précédentes.
Le dépassement ou le délaissement selon Eckhart, pourraient bien être cet autre monde qui viendra au terme de la cure analytique symbolisée par la tempérance, (lame XIV) qui vient en tant que synthèse, lorsque « le prisonnier » se sera progressivement libéré des chaînes que lui imposait chacune de ses cavernes successives. Cette lame, au même titre que celle de l’amoureux (lame VI), représente la conversion entre deux mondes, entre deux structures physiologiques de l’individuation. Il en sera de même avec le monde (lame XX) qui marque l’aboutissement et la réussite de l’effraction du symbolique, autrement dit la libération du moi, du poids des mots des autres. Faire la rencontre avec le diable (arcane XV), c’est s’engager également sur le chemin le plus difficile (le plus douloureux) du processus d’individuation, puisqu’il nécessitera une mort psychique, véritable descente aux enfers, un retour sur soi et en soi qui ne pourra se réaliser que sur un temps relativement long. Pour les anciens égyptiens, c’est l’épreuve du Jugement dernier qui est précédée par trois épreuves symbolisées par les archétypes de l’alchimie : « l’étoile (lame XVII), la lune (lame XVIII) et le soleil (lame XIX). »
[1] Hegel, Esthétique, 1835, Tome premier, traduit par Ch. Bénard et Phénoménologie de l’Esprit (Phänomenologie des Geistes) paru en 1807 Le titre de l’édition de 1807 est Système de la science, Première partie, la Phénoménologie de l’esprit, Editions Aubier, 1977.
Date de dernière mise à jour : 08/05/2013
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