JUNG
Sa descente aux enfers
Depuis sa publication en 1913 de « Métamorphoses et symboles de la libido », Jung avait sciemment pris le risque de froisser Freud sur son approche de la sexualité. Dès 1914, les derniers courriers entre les deux hommes furent échangés. Cette date qui marquait la rupture définitive entre les deux hommes est souvent regardée comme responsable de la profonde mélancolie dans laquelle Jung s’installa alors. Pourtant un événement majeur se produisit dans la vie de Jung, en automne 1913, qui laissait présager qu’il venait d’entrer dans un processus d’effraction du symbolique, ce qu’il nommera lui-même « sa descente aux enfers ». Il ne le comprit que bien plus tard.
Voila ce que raconte Carole Sédillot dans son ouvrage[1] au sujet de Jung « qui crut alors être devenu psychotique » : « Il a occasionnellement des visions et perçoit une inondation monstrueuse qui engloutit la majeure partie de l’Europe en remontant jusqu’aux montagnes de sa Suisse natale. Des milliers de personnes se noient et la civilisation éclate, puis, les eaux se transforment en sang. Cette vision a été suivie, une semaine plus tard, par des rêves représentant des hivers éternels et de fleuves de sang». La première guerre mondiale éclatera quelques mois après, ce qui laissera penser à Jung, toujours selon Carole Sédillot qu’il fit ce rêve « après que son inconscient individuel se soit connecté à l’inconscient collectif.»[2]
Comme beaucoup de personnes qui subissent l’effraction du symbolique, Jung fut à cette époque perçu comme un psychotique (cf. la recension rédigée par Winnicott en 1964, au sujet de l’ouvrage autobiographique « ma Vie » de Jung). Cet épisode s’impose au sujet telle une épreuve incontournable. Cette dernière peut être regardée comme un processus physiologique exceptionnel puisque celui-ci permet au sujet de pénétrer dans les fondations de « son appareil psychique ».
De ses propres expériences, Jung tirera l’essentiel de sa théorie sur l’individuation. L’épreuve du feu qui symbolise l’effraction du symbolique reste un processus à part, difficile à cataloguer dans le registre des pathologies mentales. Il contribue à libérer la psyché de ses propres barrières mentales et participe à la logique du processus d’individuation. Cette physiologie débute soit par la volonté du sujet, ce que les initiés réalisent dans le temps, tout au long de leur quête initiatique, soit elle peut-être provoquée volontairement ou accidentellement. Dans ces derniers cas, on assiste à une effraction du symbolique cataclysmique, car suggérant l’idée d’un véritable déluge psychique. Nous citerons à cet effet un cas rencontré lors d’une cure analytique.
Date de dernière mise à jour : 29/04/2013
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